Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis

p 160

" Frères, j'ai entendu bien des discours de notre Grand-Père blanc.

Quand il est arrivé d'au delà des grandes eaux, il n'était qu'un petit homme [...], un tout petit homme.

Ses jambes lui faisaient mal d'avoir été assis longtemps dans son grand bateau et il mendiait un peu d'aide pour lui allumer son feu.

[...] Mais quand l'homme blanc se fut réchauffé au feu des Indiens et nourri de leur bouillie de maïs, il devint très grand.

En un seul pas il enjambait les montagnes et ses pieds couvraient les plaines et les vallées.

Ses mains se saisissaient des mers de l'est et de l'ouest tandis que sa tête reposait sur la lune.

Alors il devint notre Grand-Père.

Il aimait ses enfants rouges et leur disait :

"Allez vous mettre un peu plus loin de crainte que je ne vous écrase".

Frères, j'ai entendu bien des discours de notre Grand-Père, et ils commencent et se finissent toujours ainsi :

"Allez vous mettre un peu plus loin, vous êtes trop près."

Speckled Snake, Creek

p 208

"On fait pousser le grain

Y nous donnent la cosse

On fait le pain

Y nous donnent la croûte

On passe la farine

Y nous refilent la bouillie

On découpe la viande

Y nous donnent la peau

Et c'est comme ça

Qu'y nous traitent

On nettoie le pot

Y nous donnent le jus

Y disent que c'est bien assez bon pour les nègres"


p702

"Les Etats-Unis [pouvaient] détruire les autoroutes irakiennes mais pas entretenir le réseau routier américain,

provoquer de terribles conditions sanitaires en Irak mais sans garantir pour autant des soins médicaux à des millions d'Américains;

ils [pouvaient] également s'inquiéter du traitement réservé à la minorité kurde par les Irakiens mais pas faire face aux problèmes du racisme sur leur propre territoire,

créer des sans-abris à l'étranger sans résoudre chez eux ce problème,

engager cinq cent mille soldats dans une guerre contre la drogue à l'étranger et renoncer à chercher le moyen de venir en aide aux millions de drogués américains. [...]

Finalement, il se pourrait que nous perdions la guerre après l'avoir gagnée."

Marilyn Young, historienne
Editions Agone